L'économie au cœur d'une relation d'interdépendance asymétrique  (1990-2010)

A partir des années 1990, la relation entre le Mexique et les Etats-Unis entre dans une nouvelle phase marquée par l'intégration économique. L'entrée en vigueur de l'Accord de Libre-Echange Nord-Américain (ALENA) en 1994, place l'économie au centre de cette relation bilatérale. 

Bien que cette ouverture favorise la croissance mexicaine, elle renforce également une interdépendance profondément asymétrique. L'économie devient alors un levier de développement mais aussi un facteur de vulnérabilité pour le Mexique face à son voisin du Nord.

Une coopération économique initialement positive et équilibrée 

L'ALENA, entré en vigueur le 1er janvier 1994 a largement contribué au rapprochement économique et à la coopération  des deux pays. Pour le Mexique cet accord a d'abord eu des effets économiques positifs ; une réelle augmentation des investissements directs à l'étrange et une baisse du chômage due à une forte croissance des exportations. Cet accord lui permet alors rapidement d'atteindre le 8ème rang mondial des exportateurs et de faire progresser son PIB à presque 1.7%. De même, on constate que l'ouverture des marchés à entraîné une baisse des prix, améliorant le pouvoir d'achat de certains mexicains.

Grâce à l'ALENA, le Mexique s'est imposé comme l'un des principaux partenaires commerciaux des Etats-Unis.

(Photo libre de droit : Signature de l'Accord de libre-échange Nord-américain 1992) 

Par David Valdez — U.S. National Archives and Records Administration, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=125793879

La persistance d'une dépendance économique 

Cependant, cette intégration économique a renforcé une dépendance structurelle déjà existante par rapport  au marché américain. En effet, près de 80% des exportations mexicaines sont désormais destinées aux Etats-Unis, rendant l'économie mexicaine particulièrement exposée aux changements économiques décidés à Washington. 

Cette dépendance devient notamment problématique au début des années 2000 lorsque les Etats-Unis adoptent des politiques commerciales de plus en plus protectionnistes. 

 

L'ALENA qui visait à réduire progressivement les barrières tarifaires s'est finalement fait rattraper par des mesures unilatérales entravant le libre-échange et servant les intérêts du géant américain, au détriment de la production mexicaine. 

 

(Illustration libre de droit générée par l'IA : caricature de l'ALENA comme outil de domination économique utilisé par les Etats-Unis sur le Mexique)

 

Des conséquences sociales lourdes 

A défaut de réduire les déséquilibres, l'ALENA a accentué l'asymétrie de la relation entre les deux pays, en engendrant des conséquences sociales importantes. Les inégalités se sont rapidement creusées à l'intérieur du pays et les zones rurales se sont appauvries. La concurrence américaine subventionnée a étouffé les producteurs mexicains, surtout dans le secteur de l'agriculture. 

Cette situation a entraîné de massives migrations internes ; des campagnes vers les villes, mais aussi une migration vers les Etats-Unis.

Le géant américain a rapidement perçu cette vague migratoire comme une opportunité économique lui donnant accès à une main d'œuvre abondante peu chère. Principalement installés dans les anciens territoires mexicains, les migrants mexicains se sont rapidement heurtés à des discriminations, des dénis de droits de l'Homme ou encore des conditions de travail particulièrement précaires. 

A partir de 1994, les Etats-Unis sont marqués par un climat idéologique rejetant de plus en plus l'immigration venant d'Amérique Latine. Sous l'administration du président Bill Clinton, plusieurs politiques sont mises en place afin de renforcer les contrôles de la frontière sud du pays pour lutter contre l'afflux migratoire illégal. 

Le géant américain est alors pris dans une contradiction : le besoin économique d'une main d'œuvre peu coûteuse et la volonté politique de préservation d'une société "blanche". 

 

(Image libre de droit PEXELS : migrants traversant la frontière) 

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