Ce qu'il faut retenir 

Finalement, la relation entre les deux pays s'est bâtie sur une rupture territoriale dès le XIXème siècle avec la guerre américano-mexicaine entre 1846 et 1848. La Destinée Manifeste américaine a directement touché la fragilité de l'Etat mexicain encore très jeune. Le traité de Guadalupe Hidalgo a instauré un déséquilibre de puissance durable en amputant le Mexique de 40% de son territoire d'origine. Dès la fin du XIXème siècle, sous le Porfiriato, la domination territoriale a été suivie d'une domination économique en poussant le Mexique a ouvrir massivement ses frontières aux capitaux américains pour se moderniser, tout en sacrifiant une partie de son autonomie financière. 

 

La révolution de 1910 et la Constitution de 1917 ont marqué la volonté mexicaine de reprendre en main sa souveraineté. Le pays a affirmer la propriété inaliénable de ses ressources pétrolières, une façon de lutter contre la domination américaine. Pour autant, cette souveraineté politique a été rattrapée par les réalités financières de la crise de la dette de 1982, forçant le pays a accepter l'aide du FMI et de Washington. Un moment marquant montrant que malgré une diplomatie parfois indépendante, comme sa position neutre pendant la guerre froide, le Mexique reste structurellement lié à son voisin, le géant financier. 

L'entrée en vigueur de l'ALENA en 1994 a marqué une intégration économique quasi totale. Le Mexique est devenu un géant exportateur, mais il est aussi devenu particulièrement vulnérable aux décisions de Washington, comme l'a montré la renégociation de l'ALENA par D. Trump devenu, l'AEUMC en 2020. Aujourd'hui la souveraineté mexicaine ne s'exprime plus par l'isolement mais par la "souveraineté active". La négociation est donc permanente et le pays doit coopérer sur des sujets d'ordre régaliens (sécurité, narcotrafic, migrations...), tout en essayant de diversifier ses partenaires économiques pour ne pas s'engouffrer dans sa position dangereuse de "satellite américain".

 

Les relations historiques ont donc façonné une interdépendance asymétrique entre les deux pays. Chaque phase de rapprochement et de coopération économique (investissements américains au XIXème siècle en passant par le sauvetage de la date de 1982 et à l'ALENA) a réduit la marge de manœuvre du Mexique et renforcé sa dépendance, malgré des effets positifs sur sa croissance économique. La souveraineté mexicaine face au géant américain est donc devenue une souveraineté sous contrainte. Elle consiste aujourd'hui à protéger son identité et son autonomie politique au sein d'un système économique dont il ne peut plus se détacher sans risquer l'effondrement.