Des relations fondées sur le conflit et la domination : le début d’un déséquilibre de puissances (1821-1910)
Après presque trois siècles de colonisation espagnole, le Mexique obtient son indépendance le 27 septembre 1821, à l'issu d'un long processus insurrectionnel initié en 1810 par le Grito de Dolores. Cet événement fondateur marque la naissance d'un Etat mexicain souverain, encore fragile et confronté à de profondes divisions internes et des tensions territoriales persistantes. Dès ses premières années d'existence, le Mexique doit se construire, tout en faisant face à l'émergence d'une nouvelle puissance régionale : les Etats-Unis.
La "Destinée Manifeste" et ses conséquences (1830-1848)
Dans les années 1830, le gouvernement mexicain décide de limiter l'installation des nouveaux colons américains sur le territoire texan, ayant peur de perdre son contrôle politique. Cette décision installe une rivalité croissante entre le Mexique et les Etats-Unis, déjà engagés dans une politique expansionniste portée par l'idéologie de la Destinée Manifeste. Le Texas, qui proclame son indépendance en 1836 sans avoir encore été reconnu par le Mexique devient alors un enjeu central.
L'annexion du Texas par les Etats-Unis en décembre 1845 conduit rapidement à la guerre américano-mexicaine, déclarée le 25 avril 1846 sous la présidence américaine de James K. Polk. Pourtant, les ambitions américaines sont bien plus grandes car elles incluent la Californie, l'Utah, l'Arizona et le Nouveau-Mexique.
Malgré plusieurs batailles majeures menées par le général mexicain Antonio López de Santa Anna à Monterrey, Buena Vista ou encore Contreras, l'armée mexicaine n'arrive pas à faire face à l'entrée des troupes américaines à Mexico en septembre 1847. Cela marque la fin du conflit.
La guerre prend officiellement fin avec la signature du Traité de Guadalupe Hidalgo en 1848. Le Mexique perd alors près de 40% de son territoire qu'il cède aux Etats-Unis (Texas, Californie, Arizona, Nouveau-Mexique, Nevada, Utah et une partie du Colorado). Cependant, même avec un changement de souveraineté, l'identité mexicaine reste ancrée dans ces territoires ou la culture et les traditions demeurent.
Cette guerre a profondément marqué la population mexicaine, laissant un traumatisme national, faisant de la souveraineté un enjeu particulièrement sensible encore aujourd'hui.
(Image libre de droit Reddit : carte des territoires mexicains perdus en 1848)
Le vieux Mexique et ses provinces perdues https://www.reddit.com/r/MapPorn/comments/t1nw42/old_mexico_and_her_lost_provinces/?tl=fr
Un pays en reconstruction (1850-1910)
Dans la seconde moitié du XIXème siècle, le Mexique fragilisé tente de se reconstruire politiquement et institutionnellement. Sous la présidence de Benito Juárez, entre 1858 et 1872 est menée une réelle restauration, une consolidation du pays. Le chef d'Etat entame une série de réformes libérales ayant pour objectif de moderniser le pays en affirmant sa souveraineté nationale. Regroupée sous le nom de "La Reforma", ces nouvelles lois instaurent notamment la séparation entre l'Eglise et l'Etat et la laïcisation des institutions. En limitant l'influence des pouvoirs traditionnels, Benito Juárez cherche à réaffirmer l'autorité de l'Etat afin de stabiliser le pays et de prévenir toute possible ingérence étrangère.
A la mort de celui-ci, le général Porfirio Diaz accède au pouvoir et instaure un régime autoritaire motivé par une volonté de modernisation économique rapide du pays. Afin de financer cette modernisation, le chef d'Etat ouvre massivement les frontières aux capitaux étrangers et en particulier aux Etats-Unis. Les emprunts massifs aux banques américaines et internationales joueront un rôle central dans le développement du pays. Le Mexique connaît alors une certaine stabilité et une croissance économique bien que cette nouvelle politique soit à l'origine de nombreuses inégalités nationales causant une impopularité générale. Cela marque le début d'une réelle dépendance économique au pays.
(Image libre de droit : dessin du président Benito Juárez)
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Le début d'une affirmation souveraine (1910-1920)
Cette dépendance nationale mêlée à un autoritarisme fort donne naissance au soulèvement du peuple mexicain en 1910. Le régime de Porfirio Díaz en place depuis trois décennies, reposant sur la répression des oppositions politiques et la concentration du pouvoir au profit d'une croissance économique est définitivement rejeté par la population.
La contestation du régime porfiriste se transforme rapidement en révolution mexicaine. Le conflit devient alors politique, social et militaire. Cet événement marque non seulement la chute du régime autoritaire mexicain, mais il ouvre surtout un mouvement continu de redéfinition de la souveraineté mexicaine. Le peuple réclame le contrôle national des ressources et le renforcement du rôle de l'Etat. Le Mexique tente de rompre avec les chaînes américaines.
(Image libre de droit PEXELS : révolution mexicaine 1910)
